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Madrid 1883, photo Gonzalo Langa (Société de Géographie)
Nom Rosny, (Prunol de Rosny, dit)
Prénoms Léon de, Louis Lucien
Naissance Loos-lez-Lille, Nord (France (05 avril 1837)
Décès Fontenay-aux-Roses, Hauts-de-Seine (France) (28 août 1914)
Sections
Sciences religieuses
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Direction d'études
Religions de l’Extrême-Orient (janvier 1886 à juin 1906)
Distinctions
Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'honneur (1884)
Chevalier dans l'Ordre des Palmes académiques (1868)
Prix Volney de l'Institut (1861)
Prix Stanislas Julien de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1885)
Prix Emile Loubat de l’Académie des Inscriptions et des Belles-lettres (1889)
Origines familiales

Fils unique, Léon de Rosny est issue d’une famille d’ascendance aristocrate et cultivée, vivant dans le nord de la France. Son père, Lucien Joseph de Rosny (1810-1871), fut un érudit intéressé par les Flandres et l’Amérique précolombienne, membre de plusieurs sociétés savantes dont la Société américaine de France et de la Société d’Ethnographie orientale et américaine. Sa mère, Élisa Marquet-Vasselot ( - 1874), à laquelle il vouait une grande admiration, collabora étroitement à la Société d’Ethnographie, co-fondée par son fils.

En 1872, Léon de Rosny épouse Jeanne-Charlotte Devaux (1852 - ). Le couple aura six enfants : Louis, Metyem, Isis, Noémie, Juliette, Ismaël. La famille vécut dans un hôtel particulier érigé en 1877 avenue Duquesne à Paris. Ce lieu deviendra un salon recherché de la société parisienne.

Situation de famille

Marié à Jeanne-Charlotte Devaux

Études et formations

- De solides études classiques, menées tant à l’école que dans le giron familial, éveillent sa précocité et son intérêt pour les sciences.

- Sa famille s’installe à Paris en 1843 : Rosny se passionne pour la botanique et suit les cours de Jussieu dès 1850 au Muséum. Il s’intéresse également à la physique (Arts et Métiers) et aux mathématiques.

- Sur les conseils de son père, il apprend la typographie et la reliure.

- Dès 1852 (à l’âge de 15 ans), il découvre les cultures et les langues d’Asie ; il suit dès lors les cours au Collège de France et à l’Ecole impériale des Langues orientales.

- Il publie la même année son premier ouvrage : Observations sur les écritures sacrées de la presqu’île trans-gangétique.

- Rosny s’oriente très vite vers l’étude du japonais qui sera désormais le cœur de son activité scientifique (Introduction à l’étude de la langue japonaise, parue en 1856).

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

- 1886. Directeur d'études adjoint sur « Les religions de l’Extrême-Orient » (Ve Section).

- 1903. Directeur d'études jusqu’en 1907, date de la clôture de son enseignement.

 

Parcours professionnel hors EPHE

- 1853. Membre de la Société Asiatique.

- 1854. Membre de la Société orientale de France.

- 1857. Membre fondateur de la Société américaine de France.

- 1859. Membre fondateur de la Société américaine et orientale, créée par l’association de la Société Américaine et de la Société des Amis de l’Orient. Devient en 1864 la Société d’Ethnographie de Paris, dont Léon Rosny est secrétaire général jusqu’en 1902.

- 1862. En tant que japonisant reconnu, Léon Rosny accompagne la première mission diplomatique japonaise en Europe, depuis Saint-Pétersbourg jusqu’à Paris.

- 1863. Enseignant de japonais à l’Ecole des Langues orientales.

- 1867. Membre de la Commission scientifique de l’Exposition universelle de Paris.

- 1868. Création de la chaire de Japonais à l’Ecole des Langues Orientales, qui lui est attribuée.

- 1869. Conférences au Collège de France : « Histoire des peuples de race jaune ».

- 1870. Membre du Comité des travaux historiques et scientifiques.

- 1873. Président de la Société d’ethnographie de Paris.

- 1873. Fonde la Société des Études japonaises, chinoises, tartares et indochinoises.

- 1873. Organise en 1873 le premier Congrès international des orientalistes.

- 1875. Membre organisateur du premier Congrès international des Américanistes, Nancy

- 1876. Fondateur de l’Alliance scientifique universelle.

- 1890. Membre du conseil d’administration de l’Ecole coloniale.

Autres activités

Bien que son activité soit principalement tournée vers l’Asie et plus particulièrement le monde japonais, Rosny consacra également d’importantes recherches aux sociétés indigènes des Amériques :

- 1859. Identifie comme maya le manuscrit précolombien de la Bibliothèque nationale, publié en 1887 sous le nom de Codex Peresianus.

- 1875. Publie son premier texte « américaniste » : L'Interprétation des anciens textes mayas.

- 1880. Etudie à Madrid les codex mayas Troano et Cortesianus et démontre qu’ils forment un seul document, dénommé depuis Tro-Cortesianus, ou Codex Matritensis.

- 1881. Voyage d’étude ethnographique dans les Balkans.

- 1907. Léon de Rosny cesse d’enseigner à l’Ecole des Langues orientales.

Domaines de recherches

- Disciplines : ethnologie (sous son acception d’alors), linguistique, philologie, spiritualité asiatique.

- Champs culturels : Asie (Chine, Japon principalement) ; Amériques (principalement documents épigraphiques et écritures de la Méso-Amérique).

Publications principales

Selon les sources issues de la Bibliothèque nationale de France (DATA), plus de 260 publications attribuées à Rosny peuvent être comptées, en incluant les rééditions. De ce nombre, la grande majorité est consacrée à l’Asie, et plus particulièrement au Japon. Soixante-cinq titres numérisés sont accessibles sur le site Gallica.

L’Amérique précolombienne tient une place non négligeable dans son œuvre : une quinzaine de titres, principalement consacrés à l’écriture et aux codex mayas, peuvent être notés.

Pour plus de précision sur la biobibliographie de Léon Rosny, voir : BULAC > à son nom. CALAMES  > son nom. GALLICA > à son nom.

Engagements

Léon de Rosny est issu d’une famille d’origine aristocrate, savante (gens de lettres et de sciences), et fondamentalement démocrate. Son influence sur le jeune Rosny joue certainement un très grand rôle dans ses orientations, tant humaines que scientifiques, favorisées par une soif de connaissance impressionnante, une grande faculté d’assimilation et un fort éclectisme dont il fera montre toute sa vie. En effet, bien que dédiés au monde asiatique (et plus particulièrement au Japon), ses pôles d’intérêt embrassent une grande variété de domaines, tant géographiques (Europe, Proche-Orient, Afrique, Amériques) que scientifiques (philologie, linguistique, traditions écrites, traductions et interprétations). Il maîtrisait une quinzaine de langues.

Personnage multiforme, qualifié de « médiateur » par ses biographes, Rosny souhaitait par les sciences humaines (ethnologie, linguistique) « rapprocher l’homme d’Orient et l’Homme d’Occident » (Rothstein). Ses définitions de l’ethnologie trahissent une vision profondément humaniste et positiviste d’une discipline en pleine construction et tiraillée par de multiples courants contraires : « science de la destinée humaine » (1859), « Science de la civilisation » (1900), science devant contribuer au « progrès moral des peuples, à la destruction des préjugés de race et de frontières conventionnelles » (1864). Homme de « réseaux » et de rencontre, grand organisateur, il est le créateur de l’Alliance Scientifique Universelle en 1877 : « Association internationale des hommes de science pour faciliter les relations des ethnographes disséminés dans toutes les contrées du globe », et dont le siège sera installé au domicile familial.

Cette diversité, voire cette dispersion, obéit pourtant à une orientation dépassant la science et la recherche appliquées ; une forme de foi en la « Nature universelle », de « spiritualité universaliste » (inspirée pas ses recherches sur l’Extrême-Orient), dont il développera la réflexion tout au long de sa vie. Cette métaphysique que l’on peut qualifier de  « spiritualité positiviste » (Rothstein), est couchée par l’écrit en 1887 : Méthode conscientielle, Essai de philosophie exactiviste, et débouchera dès 1890 sur la création de l’Ecole du Bouddhisme éclectique. Cet éloignement du monde scientifique traditionnel lui sera finalement reproché et lui coûtera probablement sa nomination au Collège de France, en 1893.

En 1903, il fait don de sa collection d’ouvrages rares à la Sorbonne. En 1906 et 1911, il lègue sa bibliothèque personnelle à la bibliothèque municipale de Lille.

« Je refuse les prières de toutes les églises. Je crois à une loi rationnelle, logique, immuable et bienfaisante de l’univers, et cette loi, je l’appelle Dieu. C’est à ce Dieu, conscience éternelle du bien que je confie mon âme. » (Testament de 1885)

Publications au sujet de la personne
  • Léon de Rosny, passeur de cultures « À la table du traducteur », Cycle de conférences du mardi 2 décembre 2014, de 18h30 à 20h30, à la Bibliothèque universitaire des Langues et Civilisations (BULAC), par Patrick Beillevaire (EHESS), François Macé (INALCO) et Philippe Rothstein (université de Montpellier III) : Patrick Beillevaire, « Rosny et le Japon qui s’ouvre » ; Philippe Rothstein, « Léon de Rosny, traducteur-interprète-médiateur singulier et la science de la destinée humaine »
  • Bénédicte Fabre-Muller, Pierre Leboulleux et Philippe Rothstein, Léon de Rosny : 1837-1914; de l'Orient à l'Amérique, Villeneuve-d'Ascq : Presses Universitaires du Septentrion, 2014.
  • Michaël Ferrier, « L'art du repiquage : présences du Japon de Léon de Rosny à Dany Laferrière », D’après le Japon, actes du Colloque international de l’École Normale Supérieure, Nantes : Éd. Cécile Defaut, p. 55-82.
  • Pascal Rivale, « L'américanisme français à la veille de la fondation de la Société des Américanistes », in Journal de la Société des Américanistes, 81 (1995), p. 207-229.
Auteur de la notice
Pascal Mongne
Mise à jour
 le 12 juin 2018 - 15:06