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Nom Gaidoz
Prénoms Henri, (Elie Henri Anatole)
Naissance Paris (France) (28 juillet 1842)
Décès Paris (France) (02 avril 1932)
Sections
Sciences historiques et philologiques
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Direction d'études
Langues et littératures celtiques (octobre 1876 à octobre 1925)
Date charge de conférences
janvier 1876 à septembre 1876
Distinctions
Officier dans l'Ordre de la Légion d'honneur (1925)
Prix Estrade de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1917)
Origines familiales

On le dit ordinairement orphelin, en précisant qu'il n'aurait rapidement été élevé que par une seule mère adoptive. Mais son acte de naissance le dit fils d’Élie Marguerite Gaidoz, âgée de 26 ans, originaire de Savoie et demeurant à Paris ; le nom d'aucun père n'est mentionné dans l'acte.

Situation de famille

Il ne s'est jamais marié et rien ne permet de dire qu'il ait même eu une vie dite sentimentale.

Études et formations

Études de philologie en Allemagne, puis séjours en Angleterre et au Pays de Galles afin d'apprendre le gallois et l'irlandais. Il se formera aussi, plus tard, au breton grâce à l'envoi de manuels et de dictionnaires par son ami et collaborateur François-Marie Luzel.

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Profitant des articles 2 et 3 de la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur (loi Laboulaye qui instaure en juillet 1875 la liberté de l'enseignement supérieur), autorisant la tenue de cours sans chaire attenante sur simple déclaration, Henri Gaidoz propose en novembre 1875 à l'EPHE un cours d’histoire et de littérature celtique en douze leçons devant être initié dès janvier 1876. Ce cours initial est prévu selon le plan suivant : I Histoire des Études Celtiques ; II La question des monuments dits celtiques ou armoriques ; III La langue gauloise ; IV Le monde gaulois ; V La civilisation gauloise ; VI La religion gauloise ; VII Le pays de Galles et sa littérature au Moyen Âge ; VIII L’ancienne Islande et sa conversion au christianisme ; IX L’ancienne littérature islandaise ; X Ossian et la question ossianique (en novembre 1875, il n'est pas encore sûr de maintenir ce sujet qui lui demanderait trop de préparation pour une seule conférence) ; XI Le théâtre national en Basse-Bretagne (à partir des notes de Luzel) ; XII Les Celtes au XIXe siècle. Quand il dresse ce plan, Henri Gaidoz est encore dans l'espoir d'obtenir une chaire (cf. lettre à Luzel du 22 novembre 1875), chaire dont la création va être appuyée par Rénier et Renan. L'arrêté du 5 octobre 1876 le nomme d'abord en qualité de directeur d'études adjoint. Dès sa nomination, il abandonne le plan large et assez généraliste dressé pour 1876 et adopte comme règle d'avoir deux séries de conférences concernant respectivement les deux langues les plus importantes de la famille celtique : l'une consacrée au gallois, langue principale de la branche britannique ; l'autre à l'irlandais, principale langue de la branche gaélique. Ses enseignements dépassent largement les seuls aspects linguistiques pour s'inscrire dans une démarche résolument transdisciplinaire, associant la philologie à l'histoire et à l'archéologie et situant, si besoin, l'étude dans une perspective comparative. Il entend ainsi appréhender la langue non tant d'un point de vue objectif mais, plutôt, parvenir à analyser la subjectivité qu'elle recèle, c'est-à-dire les systèmes de représentations symboliques des peuples celtiques qu'il étudie. Ces perspectives plaçant en leur centre les façons de penser, de dire et de faire inscrivent pleinement Henri Gaidoz au rang de précurseur pas seulement des études celtiques, mais aussi de l'anthropologie, discipline dont le processus d'institutionnalisation en est encore à ses balbutiements en France et qui véhicule alors des conceptions évolutionnistes auxquelles Gaidoz s'oppose déjà avec fermeté.

A partir de 1884, il obtient le statut de directeur d'études. Il ne mettra un terme à ses enseignements qu'en 1925, à l'âge de 83 ans, la cécité partielle qui l'affectait depuis de nombreuses années étant devenue totale.

Directeur d'études honoraire de 1926 à sa mort.

Parcours professionnel hors EPHE

Chargé de mission littéraire dans les îles britanniques par le ministre de l'Instruction publique (arrêté de Victor Duruy du 30/07/1868)

Membre de la Société de linguistique de Paris dès peu après sa fondation officielle, en 1866 ; il a aussi été membre du comité d'administration, puis président (1881) de cette société.

Fondateur et directeur de La Revue celtique (1870-1885)

Professeur d'ethnographie et de géographie politique à l’École libre des sciences politiques (1872-1905)

Co-fondateur et co-directeur de Mélusine (1877 ; 1884-1911), première revue française dédiée à l'étude du folklore.

Co-éditeur scientifique des Kryptadia (avec E. Rolland), recueils de folklore consacrés aux obscena (à partir du t. 2 ; 1884-1911). Gaston Paris est membre du comité de rédaction.

Parmi les nombreuses sociétés savantes dont il a été membre, on citera la Société de géographie, la Société des antiquaires de France, le Félibrige, la Société Ramond de Carbonnières, la Royal archaeological association of Ireland, la Society of Cymmrodorion, la Cambrian archeological association (comme secrétaire correspondant).

Prix Estrade de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres pour l'ensemble de ses travaux sur la philologie celtique et le folklore.

Autres activités

Membre fondateur de la Société Celtique (juin 1879), puis membre durant quelques courtes années des Dîners celtiques qui en sont issus, dîners présidés par Ernest Renan.

En 1882, il est co-fondateur des Dîners de Ma Mère l'Oye ou dîners du folklore.

Domaines de recherches

« Je tenais à rendre ici cet hommage à un savant parfait, peu prolixe, spirituel, et dont il vaudra la peine pour l’honneur de nos sciences de réunir en volume non seulement les monographies, mais surtout les analyses et comptes rendus, petites notes critiques et communications », écrivait A. Van Gennep (Textes inédits sur le folklore français contemporain, Paris : Maisonneuve et Larose, 1975, p. 34-35). Henri Gaidoz, ce « savant parfait », avait pourtant eu des relations difficiles avec l’auteur de ces lignes, érigé communément aujourd’hui dans les mémoires au rang de père fondateur de l’anthropologie de l’Europe en France. À travers le compte rendu de ses Rites de passage, rédigé par Gaidoz en 1912 dans le dernier tome de Mélusine, des critiques particulièrement acerbes lui sont adressées publiquement, critiques qui visent, de manière plus générale, les perspectives théoriques et méthodologiques de l’École française de sociologie qui est alors toujours aux prémices de son institutionnalisation. Comprendre ce dialogue impose de tenir compte du processus évolutif des sciences et de leur catégorisation, de renverser en partie leur histoire établie mais, surtout, de remettre en lumière le rôle scientifique majeur qu’y a joué Henri Gaidoz entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles. Henri Gaidoz ne doit en effet pas être considéré seulement comme point d’origine de l’institutionnalisation de l’étude des langues et littératures celtiques en France sur des bases scientifiques rigoureuses, issues du renouveau de la philologie. Dès la France du milieu du XIXe siècle, il tente plus largement, avec le concours de quelques rares collègues dont Gaston Paris, d’instaurer sur le sol français le folklore - ou étude des savoirs ethnographiques européens - comme discipline autonome par rapport à la philologie, ce champ d’études n’en constituant qu’une branche à l’origine. Pour ce faire, ses efforts scientifiques ont dû aussi chercher à dépasser de nombreuses barrières, culturelles et historiques, tout d’abord : il lui faut résister et renverser les traditions et goûts culturels français, centrés autour du mythe d’une généalogie puisant aux antiquités gréco-latines et dédaignant les traditions populaires autochtones ;  il lui faut aussi combattre la germanophobie qui se développe en France après la guerre de 1870, associant étroitement le renouveau scientifique dont il est porteur au germe nationaliste de l’Allemagne qui vient de naître. Gaidoz sait séparer strictement science et politique. Les réflexions que lui inspirent cette guerre sont d’ailleurs à l’origine de la création de son cours d’ethnographie et de géographie politique à l’Ecole libre des sciences politique. Il fait là encore figure de précurseur, entamant une réflexion sur les fondements et les ressorts des nationalismes européens qui n’a véritablement été poursuivie après lui en anthropologie qu’à partir de la fin du XXe siècle.

Publications principales

Monographies

- Blason populaire de la France, Paris : Léopold Cerf, 1884 ; publié avec Paul Sébillot, 382 p. (La France merveilleuse et légendaire, t. I ; préface d’H. Gaidoz).

- La rage et saint Hubert, Paris : Picard, 1887, 224 p. Rééd. par J.-M. Leniaud : Saint Hubert. Sa légende, son culte et son action contre la rage, Paris : Montbel, 2018.

- Pour le centenaire de Gaspar Zeuss, fondateur de la philologie celtique, Chartres : E. Garnier, 1906, 32 p.

Editeur scientifique

- Revue Celtique, Paris : A. Franck, 1870-1885 (t. I à VI).

- Mélusine : revue de mythologie, littérature populaire, traditions et usages, Paris : Viaut, 1877 ; 1884-1901 ( t. II-X) ; 1912 (XI) ; coéd. avec E. Rolland jusqu'en 1887).

- Kryptadia : recueil de documents pour servir à l’étude des traditions populaires, Heilbronn : Henninger Frères, puis Paris: H. Welter, 1884-1911 (co-éd. avec E. Rolland à compter du t. II).

- Rolland, Eugène, Flore populaire ou histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le Folk-Lore, Paris : Les libraires-commissionnaires, 1910-1914 (t. VIII à XI).

- Rolland, Eugène, Faune Populaire de la France, Paris : Maisonneuve (t. X à XII).

Articles

- « Gargantua, essai de mythologie celtique », Paris : Bureaux de la Revue Archéologique, (s.d.) (= Revue Archéologique, septembre 1868).

- « La commission de la topographie des Gaules et ses travaux », Paris : C. Lahure, 1868 (= Revue de l’Instruction Publique, 14 mai 1868).

- « Les ambitions et les revendications du pangermanisme », Revue des Deux-Mondes, 1er février 1871, Paris : J. Claye, p. 385-406.

- « Études de mythologie gauloise I : le dieu gaulois du soleil et le symbolisme de la Roue », Paris : E. Leroux, 1886 (= Revue Archéologique, 1884 et 1885).

- « La réquisition d’amour et le symbolisme de la pomme », Paris : Imprimerie Nationale, 1901.

- « De l’influence de l’Académie celtique sur les Etudes de folk-lore », Paris, 1904, p. 135-143 (= Recueil de Mémoires publié par la Société des Antiquaires de France).

- « Introduction à l’étude de l’ethnographie politique », Paris : Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1907 (extrait de la Revue internationale de l’Enseignement, n° avril-mai-juin 1907).

- « De l’étude des traditions populaires, ou folk-lore, en France et à l’étranger », Bagnères-de-Bigorre : D. Bérot, 1907, p. 174-193 (= Explorations Pyrénéennes. Bulletin trimestriel de la Société Ramond, t. I, 1906).

- « Saint Christophe à tête de chien en Irlande et en Russie », Nogent-le-Rotrou : Daupeley-Gouverneur, Paris, 1924, p. 192- 218 (= Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France,  t. 76).

Traduction

- Markham, Clements Robert, Les abords de la région inconnue, histoire des voyages d’exploration au pôle Nord, Paris : Librairie Géographique, 1876, XV-356 p.

Engagements

Au lendemain de la guerre de 1870, qui aboutit à la défaite de la France, Henri Gaidoz s'occupe durant quelque temps "activement de politique allemande" par la rédaction d'articles destinés à la Revue des deux mondes. Il souhaite par là faire connaître l'Allemagne à la France, "vaincue par la ruse et par la traîtrise" (lettre à Luzel du 19/02/1871). Cet engagement intellectuel est à l'origine de son recrutement à l’École libre des sciences politiques par Émile Boutmy, dès sa création. Dans la France de la IIIe République, il se définit comme "centrier", se sentant parfois proche du centre gauche, tout en pouvant l'être aussi du centre droit, selon les sujets. Il souhaite surtout "naviguer entre ces deux écueils [que sont pour lui] radicalisme et bonapartisme" (lettre à Luzel du 22/11/1875)

Publications au sujet de la personne

Joseph Vendryes, « Henri Gaidoz », Revue celtique, 49 (1932), p. 334-337.

Claudine Gauthier, « Henri Gaidoz 1842-1932: dossier documentaire », Paris : Bérose – Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, IIAC-LAHIC (http://www.berose.fr/?-Gaidoz-Henri-1842-1932-79-)

Claudine Gauthier, « Henri Gaidoz et l'institutionnalisation des études de folklore en France », in Céline Trautmann-Waller (dir.), De la philologie allemande à l'anthropologie. Les sciences humaines à l'EPHE (1868-1945), Paris : Champion, 2017, p. 348-366.

Claudine Gauthier, « Henri Gaidoz", in Philippe Jouet et al., Encyclopédie de la Bretagne : Celtes et celtisme, s.l., Editions Dumane, 2018, p. 309-325.

Auteur de la notice
Claudine Gauthier
Mise à jour
 le 22 septembre 2019 - 11:11