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Nom Dumézil
Prénom Georges
Naissance Paris 12ème (04 mars 1898)
Décès Paris 5ème (11 octobre 1986)
Sections
Sciences religieuses
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Directions d'études
Mythologie comparée  (novembre 1935 à mars 1941)
Mythologie comparée et anciennes religions de l'Europe  (janvier 1943 à janvier 1946)
Étude comparative des religions des peuples indo-européens  (janvier 1946 à janvier 1968)
Date charge de conférences
novembre 1933 à octobre 1935
Distinctions
Officier dans l'Ordre de la Légion d'honneur 
Croix de guerre 1914-1918 
Commandeur des Palmes académiques 
Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1970)
Membre de l'Académie française (1978)
Membre associé de l'Académie royale de Belgique (1958)
Membre correspondant de l'Académie des Sciences de Vienne (1968)
Honorary Member of The Royal Irish Academy, Section of Polite Literature and Antiquities (1974) 
Honorary Fellow of the Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland (1974) 
Docteur Honoris Causa de l'Université d'Upsal (1955)
Docteur Honoris Causa de l'Université d'Istanbul (1964)
Docteur Honoris Causa de l'Université de Berne (1969)
Docteur Honoris Causa de l'Université de Liège (1979)
Origines familiales

Grand-père paternel tonnelier en Gironde. Père officier, passionné de langues et de latin ; mère angevine.

Situation de famille

Marié. Son épouse Madeleine meurt en 1987. Sa fille Perrine épousera Hubert Curien, qui fut ministre de la recherche.

Études et formations

Le jeune Georges Dumézil suit son père dans ses diverses affectations à travers la France, fréquentant un lycée après l'autre, et prépare enfin le concours de l'ENS à Paris au Lycée Louis-le-Grand où il rencontre, via un camarade, le philologue Michel Bréal, traducteur de Franz Bopp, et par son intermédiaire le linguiste Antoine Meillet. Il est reçu premier à l'ENS à 18 ans en 1916, ayant déjà appris, outre le latin, le grec et l'allemand, l'arabe et le sanscrit.

- mars 1917-février 1919 : mobilisé comme officier d'artillerie.

- octobre 1919 : reçu 6e à l'agrégation de lettres.

- 1920 : enseigne à Beauvais.

- janvier 1921 : lecteur à l'Université de Varsovie.

- 1922 : retour en France pour un cursus de thèse sous la direction d'Antoine Meillet.

- avril 1924 : soutient ses deux thèses, Le Festin d'immortalité. Étude de mythologie comparée indo-européenne et Le Crime des Lemniennes. Rites et Légendes du monde égéen.

- 1925 : son poste en Turquie lui permet des explorations dans le Caucase et la découverte des langues et mythologies ossète, oubykh, tcherkesse, abkhaze.

- 1931 : son poste de lecteur à Uppsala lui permet d'apprendre le suédois et de connaître la mythologie scandinave.

- 1933 et suiv. : suivait l'enseignement de Marcel Granet, sinologue, et celui de Marcel Mauss.

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Chargé de conférences 1933-1935

Directeur d'études 1935-1968, avec une interruption:

Mis en position de retraite en 1941 comme franc-maçon

Réintégré dans ses fonctions le 22 janvier 1943

Parcours professionnel hors EPHE

1er décembre 1925 – 31 août 1931 : professeur d'histoire religieuse à l'Université d'Istanbul

1er septembre 1931 – 30 septembre 1933 : Lecteur à l'Université d'Upsal

Chargé d'enseignement de l'arménien classique à l'École des Langues Orientales

1er septembre 1939 – 25 octobre 1940 : Sous les drapeaux

1941-1943 : Enseigne le latin et le grec au Collège Saint-Martin-de-France de Pontoise

1er avril 1949 – 30 mars 1968 : Professeur au Collège de France (où il est présenté par Emile Benveniste), chaire de Civilisation indo-européenne

1968-1971 : conférences aux États-Unis : Princeton, Chicago, Los Angeles.

Domaines de recherches

Georges Dumézil est linguiste d'abord : on dit qu'il connaissait jusqu'à 30 ou 40 langues, notamment des langues caucasiennes, parmi lesquelles il sauve de l'oubli le laze ou l'oubykh, dont il interroge jusque dans ses conférences à l'EPHE le dernier locuteur, Tevfik Esenç. Mythologue ensuite, Dumézil se définit lui-même comme un « comparatiste » interrogeant une « ultra-histoire », cette zone mixte entre la préhistoire et l'histoire qu'éclairent les plus anciens mythes (cf. ses Entretiens avec Didier Eribon). Il fit graver sur la lame de son épée d'académicien cette liste de ses maîtres à penser : «Franz Bopp, Max Müller, Michel Bréal, Marcel Mauss, Sylvain Lévi, Marcel Granet, Emile Benveniste duxerunt». C'est en 1938 qu'il parvient à la formulation de la doctrine qui allait orienter le reste de son œuvre, celle de la trifonctionnalité indo-européenne : les trois castes qui structurent la société indienne, prêtres, guerriers et agriculteurs-producteurs, reflèteraient la même idéologie que dans la culture ossète les trois familles mythiques des Nartes – les forts, les vaillants et les riches –, ou qu'à Rome la première triade capitoline : Jupiter, incarnant la souveraineté et la sacralité suprême, Mars, dieu de la guerre, et Quirinus, dieu du peuple organisé dans les curies. La même «tripartition fonctionnelle» s'observerait dans les langues, les panthéons et les rites, les épopées et les mythes, enfin les structures sociales (jusque dans les «trois ordres» de l'Ancien régime en France) des peuples les plus divers de l'aire indo-européenne : la souveraineté dans sa double dimension magique et juridique, la guerre, et la fécondité. Cette doctrine si connue allait naturellement susciter des doutes et des critiques nombreuses (particulièrement dures, plombées de soupçons idéologiques, celles d'A. Momigliano et de C. Ginzburg). Peut-on notamment passer si facilement du domaine, éprouvé, du comparatisme linguistique, à celui des légendes et des cultes ? Quelle est même la légitimité historique d'une notion aussi peu définie que celle de peuples indo-européens (qui plus est désormais entachée du soupçon de préjugés racistes) ? Il reste que nul savant n'a jamais su embrasser des langues et des cultures aussi diverses que le fit Georges Dumézil, alliant l'érudition exigeante du philologue à l'ethnologie précise du terrain caucasien, préservant pour la mémoire de l'humanité une foule de mythes, allant jusqu'à sauver des langues de l'oubli. Et qu'il créa une discipline, l'étude comparée des mythologies, avec son exigence méthodologique : il faut comparer des structures (dyades, panthéons, groupe de mythes) et non des faits ou personnages, dieux, etc. isolés. La trifonctionnalité fut, au moins en son temps, un outil heuristique extrêmement fécond, elle a stimulé Claude Lévi-Strauss (voir son discours pour la réception de Dumézil à l'Académie française) et elle continue d'inspirer des passeurs de frontières.

Publications principales
  • Mythes et dieux des Germains - Essai d'interprétation comparative, Paris : Leroux, coll. Mythes et religions, 1939, 160 p.
  • Mitra-Varuna - Essai sur deux représentations indo-européennes de la Souveraineté, Paris : Leroux, Bibliothèque de l'École des Hautes Études, Sciences religieuses, 56, 1940, xii + 150 p.
  • Jupiter Mars Quirinus :
    • I. Essai sur la conception indo-européenne de la société et sur les origines de Rome, Paris : Gallimard, Collection La montagne Sainte-Geneviève, 1941, 266 p.
    • II. Naissance de Rome, Paris : Gallimard, 1944, 223 p.
    • III. Naissance d'archanges - Essai sur la formation de la religion zoroastrienne, Paris : Gallimard, 1945, 190 p.
    • IV. Explication de textes indiens et latins, Paris : PUF, Bibliothèque de l'École des Hautes Études, Sciences religieuses, 62, 1948, 190 p.
  • Les Mythes romains :
    • I. Horace et les Curiaces, Paris : Gallimard, coll. Les mythes romains, 1942, 142 p.
    • II. Servius et la Fortune - Essai sur la fonction sociale de louange et de blâme et sur les éléments indo-européens du cens romain, coll. Les mythes romains, Paris: Gallimard, 1943, 246 p.
    • III. Tarpeia - Cinq essais de philologie comparée indo-européenne, Paris : Gallimard, 1947, 294 p.
  • Loki, Paris : G.P. Maisonneuve, coll. Les dieux et les hommes, 1948, 293 p.
  • Les Dieux des Germains, essai sur la formation de la religion scandinave, Paris : PUF, coll. Mythes et religions 38, 1959, 128 p.
  • La Religion romaine archaïque, avec un appendice sur la religion des Étrusques, Paris : Payot, 1966, 680 p.
  • Mythe et Épopée (aujourd'hui coll. Quarto, Gallimard, 1995, 1484 p.) :
    • I. L’Idéologie des trois fonctions dans les épopées des peuples indo-européens, Paris : Gallimard, 1968.
    • II. Types épiques indo-européens : un héros, un sorcier, un roi, Paris : Gallimard, 1971.
    • III. Histoires romaines, Paris : Gallimard, 1973.
  • Heur et Malheur du guerrier, aspects de la fonction guerrière chez les Indo-Européens, Paris, PUF, coll. Hier, 1969, 149 p.
  • Fêtes romaines d’été et d’automne, suivi de Dix Questions romaines, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 1975, 304 p.
  • Le Verbe oubykh, études descriptives et comparatives, Paris : Académie des inscriptions et belles-lettres, 1975.
  • Mariages indo-européens, suivi de Quinze Questions romaines, Paris : Payot, 1979.
  • Apollon sonore et autres essais, Paris : Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 1982, 256 p.
  • La Courtisane et les Seigneurs colorés, et autres essais - 25 esquisses de mythologie, Paris : Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 1984, 256 p.
  • L’Oubli de l’homme et l’honneur des dieux, Paris : Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 1985, 344 p.
  • Le Roman des jumeaux - Esquisses de mythologie, édition posthume par Joël Grisward, Paris : Gallimard, 1995, 348 p.
Engagements

Georges Dumézil a rencontré Charles Maurras, Pierre Gaxotte, Drieu la Rochelle dans les années 20 et 30 et signé du pseudonyme Georges Marcenay des éditoriaux anticommunistes et antinazis en même temps dans un journal nationaliste. Il a fait partie du comité de patronage de Nouvelle École, revue liée à la Nouvelle Droite fondée par Alain de Benoist et accusée par la gauche intellectuelle d'entretenir un mythe indo-européen, de mai-juin 1972 à novembre 1973. Mais dans son entretien avec Bernard Pivot lors de l'émission "Apostophes", il affirme qu'il n'a jamais songé à opposer Indo-européens et Sémites.

Volumes d'hommage
  • « Le parcours initiatique d'un “parasite” des sciences humaines », entretien de Georges Dumézil avec la revue Autrement, Paris, 1987.
  • Jacques Bonnet et Didier Pralon (dir.), Georges Dumézil : Cahiers pour un temps, Paris : Centre Pompidou / Pandora éditions, 1981.
Publications au sujet de la personne
  • Entretiens avec Didier Eribon, Paris, Gallimard, collection Folio, 1987.
  • Hervé Coutau-Bégarie, L’œuvre de Georges Dumézil : Catalogue raisonné, Paris : Economica, 1998, 210 p.
  • Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? : Le mythe d'origine de l'Occident, Paris : Seuil, coll. « La librairie du XXIe siècle », 2014, 741 p. (rééd. 2017, 826 p.)
  • Daniel Dubuisson, Mythologies du xxe siècle : Dumézil, Lévi-Strauss, Eliade, Lille : Presses universitaires de Lille, « Racines & modèles », 1993 (sur Dumézil : p. 19-122). 2e éd. revue et aug., Lille : PU Septentrion, 2008, (« Théorie, histoire et limites du comparatisme dumézilien » : p. 99ss.)
  • Didier Eribon, Faut-il brûler Dumézil ? Mythologie, science et politique, Paris : Flammarion, 1992.
  • C. Scott Littleton, The New Comparative Mythology : An Anthropological Assessment of the Theories of Georges Dumézil, Berkeley–Los Angeles : University of California Press, 1966, 242 p. (3e éd., 1982).
  • Michel Poitevin, Georges Dumézil, un naturel comparatiste, Paris : L'Harmattan,« Ouverture philosophique », 2002, 209 p.
  • Marco V. García Quintela, Dumézil, une introduction : Suivie de L’affaire Dumézil, trad. de l'espagnol par Marie-Pierre Bouyssou, Crozon : Armeline, 2001.
  • Colin Renfrew, L'Énigme indo-européenne : archéologie et langage, Paris : Flammarion, 1990.
Sites internet référents

https://leportique.revues.org/2649

http://www.college-de-france.fr/site/georges-dumezil/index.htm

http://www.college-de-france.fr/site/georges-dumezil/Hommage.htm (Gérard Fussman)

https://salamandre.college-de-france.fr/ead.html?id=FR075CDF_00CDF0067#!{"content":["FR075CDF_00CDF0067_e0000018",true,""]}

http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/georges-dumezil

http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1986_num_99_95_13530 (notice nécrologique, Ch. Malamoud et J. Scheid).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Dumézil

cf. http://dumezil-lyc.spip.ac-rouen.fr/sites/dumezil-lyc.spip.ac-rouen.fr/I...

(en 1939, Dumézil avait acquis une maison à Vernon pour y mettre sa famille à l'abri, et il y passait, depuis, ses mois de vacances. Le lycée de Vernon porte aujourd'hui son nom).

Collection Les grands entretiens de Bernard Pivot, Georges Dumézil, dvd édité aux éditions Gallimard/INA, entretien du 18 juillet 1986 : http://www.ina.fr/video/CPB86009437 https://www.youtube.com/watch?v=7h4SmhieEkk

http://www.scoop.it/t/archivance/p/3288643557/georges-Dumézil-par-lui-meme-1-2

http://www.dieu-parmi-nous.com/remission.html

(émissions de Marcel Brisebois dans l'émission "Rencontres" sur Radio Canada)

Auteur de la notice
Renée Koch Piettre
Mise à jour
 le 07 janvier 2018 - 21:54