Back to top
Cristina Scherrer-Schaub à Bangkok en 2002
Nom Scherrer-Schaub
Prénom Cristina
Sections
Sciences religieuses
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Direction d'études
Histoire du bouddhisme indien tardif (IIe-XIIe s.) (septembre 1999 à juin 2015)
Études et formations

Après des études de droit à l'Université de Berne (Suisse), Cristina Scherrer-Schaub se dirige vers un cursus complet en histoire de la philosophie occidentale, à l'Université de Fribourg (Suisse). Elle se forme en philosophie ancienne, médiévale, moderne et contemporaine avec I. M. Bochenski, Louis Bertrand Geiger (élève d'Étienne Gilson), Guido Küng, Emmanuel Levinas et Anna Timinieska (élève d'Edmund Husserl) et se spécialise en logique classique et logique mathématique, travaillant sur l'œuvre de Giuseppe Peano sous la direction de I. M. Bochenski. Dans le sillage de ces recherches, elle étudie les langues articielles et, par la suite, participe aux travaux de l'Istituto Dalle Molle per lo studio dell'intelligenza artificiale (Villa Heleneum, Lugano) dans le cadre d'un programme organisé conjointement par le MIT de Boston (MA) et l'Université de Stanford (CA). Ces recherches suscitent une série de questions théoriques. Discutant de cela avec son maître I. M. Bochenski, elle décide d’explorer d’autres systèmes de pensée et se met à l'étude des langues anciennes de l’Inde sous la direction de Constantin Régamey, pianiste, compositeur, tibétologue engagé et professeur de linguistique générale et indianisme aux universités de Fribourg et Lausanne. C. Régamey qui fut notamment élève de St. Schayer à Varsovie et de Jean Przlyuski à l'EPHE lors de son séjour à Paris se lie d'amitié avec Marcelle Lalou et entretient avec elle une correspondance littéraire et scientifique qui se poursuivra jusqu'à la disparition de la grande tibétologue.

À Lausanne, elle poursuit sa formation avec l'étude des langues de traduction des textes bouddhiques indiens, sous la direction de Jacques May qui fut lui-même élève de C. Régamey à Lausanne et qui, devenu membre de l’EFEO, séjourna pendant sept ans au Japon. À son tour, sous la direction de Jacques May,  elle prépare une thèse sur la Yuktiṣaṣṭikāvṛtti du Maître indien Candrakīrti (VIIe s. de n. è) dont seuls quelques fragments de l'original sanscrit subsistent, mais qui a été traduit à date ancienne (VIIIe -IXe s.) en tibétain. Ses liens avec les maîtres japonais se resserent avec la venue à Lausanne de Katsumi Mimaki, élève de Jacques May, Yutaka Ojihara (lui-même élève de Louis Renou) et Gadjin Nagao à Kyōtō. En travaillant avec Mimaki elle perçoit l'importance du phénomène complexe de transmission des textes bouddhiques en dehors de l'Inde et découvre les manuscrits tibétains de Dunhuang. Elle renoue ainsi avec l'approche des sources originales (documents séculiers et religieux) initiée à l'époque de ses études en philosophie. Lors du congrès de l'International Association of Tibetan Studies de Visegrad en 1984, elle rencontre le Maître japonais Fujieda Akira, historien et spécialiste de codicologie des manuscrits d'Asie centrale, qui l'invite à Kyōtō où elle s'initie à la discipline, séjourne au Rinko-in siège de l’EFEO et fait la connaissance de collègues japonais, français et italiens en mission au Japon. Ses travaux futurs sur les manuscrits tibétains de Dunhuang et du Tibet de l'ouest doivent beaucoup à ces savants, in primis à Fujieda Akira et Jean-Pierre Drège, dont elle fait la connaissance au Cabinet des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale.

L'étude historique et codicologique aboutira à la mise au point d'outils servant à la première méthode de datation des manuscrits tibétains anciens, toujours d’actualité. Elle introduit aussi l'analyse diplomatique, jusqu’à alors inédite dans l'étude des documents et épigraphes du Tibet ancien et qui, entre autres, révèle la stratigraphie de quelques chartes anciennes et permet de mieux comprendre les phases successives d'introduction du bouddhisme indien au Tibet de première époque. 

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

En 1996 et en 1998, Anne-Marie Blondeau et Marie Louise Reiniche invitent Cristina Scherrer-Schaub à l'EPHE, en tant que DEI. Ses conférences portent sur l'étude de textes attribués au Vidyādharapiṭaka ou « Corbeille des Enchanteurs ». Les séminaires qui se tiennent à la « Rotonde » de la Bibliothèque nationale portent sur  l'étude codicologique des manuscrits tibétains de Dunhuang et l'analyse diplomatique des documents séculiers. En 1999 Cristina Scherrer-Schaub est élue Directeur d'Études pour l'intitulé « Histoire du bouddhisme indien tardif (IIe-XIIe s.) » nouvellement crée à l'EPHE. En 2015 elle accède à l'éméritat.

Dès son entrée à l'EPHE, elle est successivement membre associé et/ou membre statutaire de l'ESA 8047 qui devient URA 1229 « Langues et cultures de l'aire tibétaine »; de l'EA 518 EPHE ensuite EA 512 « Le monde indien : textes, sociétés, représentations » EPHE/CdF, équipe annexée en 2011 à l’UMR 7528 « Mondes iranien et indien » CNRS/EPHE. Membre (et dès 2011 membre associé) de l'UMR 8546 « Archéologie d'Orient et d'Occident et Textes anciens » CNRS/ENS (2004-2015).

Dès 1992 à 2002, Cristina Scherrer-Schaub a été coordinateur scientifique du groupe de recherche international Survey of manuscripts in Spiti, Lahul & Kinnaur, dirigé par les professeurs Ernst Steinkellner (Université de Vienne) et Gherardo Gnoli (Università La Sapienza, Roma).

Dès 2002 et sous la direction de Deborah Klimburg-Salter ce projet (FWF S9811-G21, National Research Network, The Cultural History of the Western Himalaya (CHWH) s'étend à d'autres disciplines. Elle devient alors collaborateur scientifique de la section Survey of Tibetan Inscriptions (2002-2014), dirigé par Ernst Steinkellner et Kurt Tropper (Université de Vienne).

Parcours professionnel hors EPHE

De 1978 à 1982 et de 1990 à 1998, Cristina Scherrer-Schaub est successivement boursier, chercheur et requerant principal auprès du Fonds national Suisse de la recherche scientifique (FNSRS). De 1992 à 1998 elle est Privat docent à l'Université de Lausanne. En 1998 une chaire de professeur extraordinaire ad personam est créé à l'Université de Lausanne (Chaire Elizabeth de Boer d'Études tibétaines & bouddhiques). Titulaire de cette chaire (à temps partiel) dès septembre 1998, elle accède à l’honorariat en octobre 2013.

Cristina Scherrer-Schaub a été tour à tour professeur invité à l'ICABS de Tōkyō (2000), au Balliol College à Oxford (2003), à l'Austrian Academy of Sciences (Vienne, 2005), ainsi que Distinguished scholar à la même institution (2012), professeur invité aux Summer schools des Universités de Harvard et Holy Cross (MA). Après avoir accédé à l'éméritat, elle a été invitée en Inde par le Bhandarkar Oriental Research Institute et a enseigné à l'Université Savitribai Phule de Pune.

Son parcours fait une large part aux missions de terrain. Grâce à l’accueil de Pierre Leriche et de l’UMR 8546 / MAFOuz de Bactriane du CNRS/ENS et la collaboration de la chaire du Monde indien du Collège de France, titulaire le professeur Gérard Fussman, elle participe aux fouilles dans les régions de l’ancienne Bactriane du nord (Ouzbékistan).

Les séjours d’étude et de travail dans les régions du Spiti, Lahul, Kulu, Kangra, Kinnaur, Himachal Pradesh, Bihar, Inde du sud, Ancien Gandhāra et Swat (Pakistan du nord), Tibet central, Tibet de l’Ouest, Nord du Tibet, Xinjiang et Gansu (Chine), Java (Indonésie), se sont effectués au sein d’équipes internationales de recherche. Elles ont reçu l’appui du FNSRS (Suisse), du Fonds de Boer de l’Université de Lausanne, de l’Académie des Sciences d’Autriche et du FWF de l’Université de Vienne.

Autres activités

En 1996 Cristina Scherrer-Schaub est invitée à la Grasse par Gérard Bobiller au Rencontre de l'Abbaye / Le Banquet du livre.

En 2008, lors du Colloque « Paul Pelliot » (Collège de France et AIBL) son intervention est diffusée sur Canal Académie.

En 2009 elle participe au Colloque international Rencontres interculturelles dans l'Orient hellénisé à l’Unesco.

Elle a également suivi le programme « Psychanalyse et sciences sociales », Société Psychanalytique de Paris, dans le cadre du séminaire organisé par le Dr Éric Smadja «Autour des religions : croyances, représentations et pratiques, individuelles et collectives», où elle intervient sur le sujet « Hiérarchie des dieux et régulation du mal : le bouddhisme indien face aux contraintes sociales ».

À plusieurs reprises Cristina Scherrer-Schaub a donné des conférences publiques à Paris, notamment à la Société asiatique, à l'Association française de Yoga au Centre Malraux, et à la Seechac au Musée Cernuschi.

En France, Cristina Scherrer-Schaub est membre du Conseil scientifique de la Société asiatique (2000 ⇢) et du Conseil d'administration de l'École française d’Extrême-orient (2017 ⇢). Elle est toujours membre, membre consultant, membre du comités exécutif de plusiers projets, instituts, conseils de recherche en Europe, aux USA et en Asie.

• Membre du Conseil scientifique de l'Institut d'Études indiennes et de l'Institut d'Études tibétaines du Collège de France (2002-2017)

• Secrétaire général de l’International Association of Tibetan Studies / IATS (2003-2010)

• Président de l’International Association of Buddhist Studies / IABS (2011-2015),

• Membre du comité scientifique de la Philologish Kulturwissenschaftlichen Fakultät, Université de Vienne, Autriche (2005-2014)

• Advisory Member of the Executive Commitee of the CHWH/Cirdis, University of Vienna & Austrian Academy of Sciences (2002-2014)

• membre du comité éditorial de plusieurs revues scientifiques et collections en Europe et aux États-Unis.

• Co-Éditeur du Journal of the International Association of Buddhist Studies (1998-2006)

• Rédacteur-gérant du Journal asiatique (2000-2008)

Domaines de recherches

Les recherches de Cristina Scherrer-Schaub portent sur l’histoire du bouddhisme et sa fortune hors de l’Inde à travers l’étude compréhensive et contrastée des sources textuelles, épigraphiques, artistiques et archéologiques. Ces recherches reposent notamment sur l'étude de l'histoire des traductions du corpus indien d'écritures, l'histoire de l'institution, les enjeux et stratégies qui s'instaurent entre institution religieuse et contexte socio-politique, les pratiques intellectuelles, ainsi que les modes et modalités d'expression de la culture indienne dans les régions du nord-ouest de l'Inde, de l'Asie centrale, du Tibet et au-delà.

Le projet, principalement centré sur l’écrit dans ses diverses modalités, étudie également la dynamique qui place ce dernier « en tension » sinon en corrélation avec l'oral, notamment dans le domaine juridique. L'écrit qui dans le bouddhisme indien  devient d'abord le substitut du maître, est envisagé en tant qu'« outil » ou véhicule de transmission, objet rituel, moyen de communication politique, témoin des transactions juridiques, instrument d’autorité etc. Ces recherches suivent deux axes majeurs définissant deux domaines, histoires et aires géographiques distincts : l’Inde et le Tibet. Elles recouvrent deux larges périodes historiques : du IVe av. - XIIIe siècle ap. n. è. en ce qui concerne l’Inde et du VIIe au XIIIe pour le Tibet.

L'intérêt pour l'histoire s'accentue chez elle dès son entrée à l'EPHE. À cette époque elle étudie les conditions complexes de l'introduction de la culture indienne au Tibet, véhiculée par les Maîtres bouddhistes indiens. Elle centre alors son attention sur des périodes précises de l'histoire du Tibet et explore les aires géographiques proches ou lointaines marquées, à même époque, par la présence du bouddhisme. Le “pointillé" des études de micro-histoire lui révèle les voies de transmission, la richesse des milieux pluriels  et, tout à la fois, la nécessité de remettre en question les catégories d'analyse et, notamment de se distancier, pour un temps en tout cas, des interprétations centrés sur les catégories scolastiques, avant tout celle d'appartenance. Et c'est à partir de ces territoires pluriels (textuels, religieux, culturels) que ses recherches sur les documents anciens du bouddhisme, nouvellement découverts ou sortis de l’oubli, se poursuivent actuellement. 

Publications principales

Livres

Yuktiṣaṣṭikāvṛtti. Commentaire à la soixantaine sur le raisonnement (Yuktiṣaṣṭikā) de Nāgārjuna ou «Du vrai enseignement de la causalité» par le Maître indien Candrakīrti. Bruxelles, Institut belge d'Hautes études Chinoises, 1991

Ed. Old Tibetan Studies dedicated to the memory of R. E. Emmerick. Leiden, Brill, 2012

Ed. avec Ernst Steinkellner Tabo Studies II : Manuscripts, Texts, Inscriptions, and the Arts. Roma, IsIAO, 1999

Ed. avec A. Chayet, F. Robin et J.-L. Achard Édition, éditions : l'écrit au Tibet, évolution et devenir. München, Indus Verlag, 2010

Ed. avec K. Tropper Tibetan Inscriptions. Leiden, Brill, 2013

Ed. avec P. McAllister et H. Krasser Cultural Flows Across the Western Himalayas. Vienna, Austrian Academy of Sciences, 2014

Articles (sélection)

« Tibet : an archæology of the written » Old Tibetan Studies Dedicated to the Memory of R. E. Emmerick (CSS ed.) Leiden, Brill, 2012, 217-253

« Copier, interpréter, transformer ou des modes de la diffusion des Écritures et de l'écrit dans le bouddhisme indien » Écrire et transmettre en Inde classique (G. Colas et G. Gerschheimer dir.) Paris, EFEO, 2009, 151-172

« Immortality extolled with reason. Philosophy and politics in Nāgārjuna » Pramāṇakīrtiḥ. Papers dedicated to Ernst Steinkellner (B. Kellner, H. Krasser et al. eds.) Wien, ATBS Uni Wien, 2007, Part 2, 757-793

« Revendications et recours hiérarchique : contribution à l'histoire de Śa cu sous administration tibétaine » Études de Dunhuang et Turfan (J.-P. Drège avec la collab d'O. Venture dir.) Genève, Droz, 2007, 257-326

« Classifying, questioning and interpreting Tibetan inscriptions » Tibetan Inscriptions (K. Tropper et CSS eds.) Leiden, Brill, 2013, 139-170

« Le roi indo-grec Ménandre discuta-t-il avec les philosophes bouddhistes? » Hommage à Daniel Schlumberger. Arts & civilisations de l’Orient hellénisé (Pierre Leriche dir.) Paris, Picard, 2014, 167-171

« A perusal of early Tibetan inscriptions in light of the Buddhist world of the 7th to 9th centuries AD » Epigraphic Evidence in the Pre-Modern Buddhist World (K. Tropper ed.) Wien, ATBSUW, 2014, 117-165

« Perennial encounters: does technology shape the mind? The simile of the painter, the irruption of representation, and the disclosure of Buddhism in early and classical India » Journal of the International Association of Buddhist Studies 39, 2016, 1-50

« Syant’ideba-ŭi sŭngch’ŏn: insŭp-e mukkiji anŭn ch’ŏrhakcha posal-ŭi sam-gwa suhaeng » [ « The ascension of Śāntideva to the empyrean: an unconformed philosopher and Bodhisattva », trad. en coréen par Juhyung Rhi] Pulgyo yŏn’gu 46, 2017.2, 9-30 Sadan pŏbin Han’guk pulgyo yŏn’guwŏn

« The poetic and prosodic aspect of the page. Forms and graphic artifices of Indian/Indic Buddhist manuscripts in historical perspective »  Indic Manuscript Cultures through the Ages. Material, Textual, and Historical Investigations (V. Vergiani, D. Cuneo, C. Alessio Formigatti eds.) Berlin, De Gruyter, 2017, 239-285

Auteur de la notice
Cristina Scherrer-Schaub
Mise à jour
 le 24 avril 2018 - 11:50