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Nom Lacan
Prénom Jacques
Naissance Paris (France) (13 avril 1901)
Décès Paris (France) (09 septembre 1981)
Sections
Sciences économiques et sociales
Statuts et fonctions
Chargé de conférences
Date charge de conférences
janvier 1964 à juin 1972
Origines familiales

Son père, Alfred Lacan, est issu d'une famille orléanaise de la moyenne bourgeoisie catholique. Installé à Paris, il s'occupe des intérêts financiers de la firme Dessaux, héritage de sa branche maternelle. Sa mère, Émilie Baudry est originaire d'une famille aisée, son père exerce le métier de batteur d'or avant de devenir rentier. Jacques Lacan, de son nom complet Jacques-Marie Lacan, est l'aîné de quatre enfants du couple : en 1902, né Raymond qui meurt deux ans plus tard ; en 1903, vient au monde Madeleine-Marie, qui épousera un descendant de la famille Lacan et s'installera en Indochine, puis, en 1908, Marc-Marie qui deviendra moine bénédictin (abbaye de Hautecombe), changeant son prénom en Marc-François. L'ensemble de la famille vit à Paris, boulevard Beaumarchais, dans le même immeuble que les grands-parents paternels.

Situation de famille

Deux fois mariés : avec Marie-Louis Blondin en 1934 (3 enfants), avec Sylvia Bataille en 1953 (1 enfant).

Études et formations

Au collège Stanislas, Jacques Lacan fait de brillantes études secondaires qu'il termine en 1919, découvrant à l'adolescence la pensée de Nietzsche, mais aussi celle de Spinoza qui influencera sa définition du désir ; au cours de l'année 1917-1918, il est marqué par les cours de philosophie de Jean Baruzi, spécialiste de saint Jean de la Croix, mais aussi de saint Paul et d'Angelus Silesius. C'est à cette époque qu'il se détache de la religion catholique. Contre l'avis de son père qui le destinait à reprendre l'affaire familiale, il entame en 1920 des études de médecine ; il se spécialise en 1926 dans le domaine de la psychiatrie en étudiant à l'hôpital Sainte-Anne (clinique des maladies mentales et de l’encéphale), avec comme professeur Henri Claude ; en 1928, il devient interne à l'Infirmerie spéciale des aliénés de la préfecture de police qui est dirigée par Gaëtan Gatian de Clérambault qu'il reconnaîtra, non sans prendre ses distances, comme son « seul maître en psychiatrie ». En 1932, il obtient son diplôme de docteur en médecine, spécialité psychiatrie, en soutenant une thèse – « De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité » – où il étudie le « cas Aimée », et devient psychiatre. 

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

En 1957, Jacques Lacan pose sa candidature à une « direction de psychanalyse à l’École des Hautes Études ». Il mentionne, parmi les enseignements qu’il a suivis, ceux d’Étienne Gilson à la faculté des lettres, et de Paul Demiéville aux Langues Orientales dont il a reçu « une information linguistique dont on verra quelle est pour lui l’exigence ». Au titre des « confrontations sans précédent dans l’histoire de la psychanalyse » apparaissent les noms d’Alexandre Koyré, Jean Hyppolite, Maurice Merleau-Ponty, Claude Lévi-Strauss, Marcel Griaule, Émile Benveniste ». L’actualité l’amène à s’affronter aux « deux problèmes cruciaux » de l’avenir de la psychanalyse : la « mise en forme correcte de son expérience » et la « formation réelle de ses praticiens » : « À cette fin il remet en examen, pour en montrer la portée, le fait du déterminisme symbolique, nœud véritable de la découverte freudienne : soit ce fait que le symptôme, au sens analytique de ce terme, ne soit pas un indice, mais le signifiant où converge une ou plusieurs chaînes de significations inconscientes, significations où l’histoire même du sujet se représente. Car c’est là le point nodal dont l’orientation mentale habituelle aux praticiens les fait se détourner aujourd’hui pour recourir à un mythe de remodelage du moi du sujet, dont la fonction qu’on y donne au moi de l’analyste, qu’elle soit de maturation instinctuelle ou d’impression normativante, est heureusement de pure fiction. C’est en effet d’histoire au sens plein du terme, soit avec tout ce que le fait historique comporte d’historisation déjà dans son événement, qu’il s’agit dans les épisodes constituants d’une quelconque des déterminations que Freud démontre pour analysables. De même que tout ce qu’il nous décrit de la structure des symptômes, ne peut même pas être abordé hors d’une référence fondamentale à la distinction du signifiant et du signifié, telle que la linguistique la promeut. La restauration de ces perspectives et leur mise en exercice, structurant la conduite même de la cure, inséparable de sa conception, en rectifie, avec les avenues humaines, les issues authentiques : ce que confirme l’expérience contrôlée des élèves en formation. » Cette candidature, dont le texte a été publié dans le Bulletin de l’Association Freudienne n° 40, p. 5 à 8), n’aboutit pas. En 1964, Lacan obtint une charge de conférences à la VIe section de l’EPHE, après avoir été recommandé auprès de Fernand Braudel par Louis Althusser. Les séminaires se tinrent à l’ENS (salle Dussane). On trouve plusieurs résumés de ces conférences dans les annuaires de la VIe section : tous sont rédigés dans le plus pur style lacanien. Les séminaires qu’il donne sous l’intitulé de l’EPHE sont – 1964 : Les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (S XI) ; – 1964-1965 : Les problèmes cruciaux pour la psychanalyse (S XII) ; – 1965-1966 :  L’objet de la psychanalyse (S XIII) ; – 1966-1967 : Logique du fantasme (S XIV) – 1967-1968 : L’acte psychanalytique (S XV) ; – 1968-1969 : D’un Autre à l’autre (S XVI) ; – 1969-1970 : L'envers de la psychanalyse (S XVII) ; – 1970-1971 : D'un discours qui ne serait pas du semblant (S XVIII) ; – 1971-1972 : Ou pire (S XIX). – 1972-1973 : Encore (S XX).  

Parcours professionnel hors EPHE

Titulaire en 1932 d'un Doctorat en médecine, spécialité psychiatrie, Jacques Lacan adhère en 1934 à la Société psychanalytique de Paris (SPP) dont il devient membre titulaire en 1938. Après s'être intéressé au surréalisme dans les années 1920, il participe à partir de 1934 au séminaire d'Alexandre Kojève sur Hegel – où il rencontre des personnalités telles que Jean Hyppolite, Maurice Merleau-Ponty, Georges Bataille, Raymond Queneau – qui contribue à sa propre définition du sujet. En 1936, il est nommé médecin des hôpitaux psychiatriques de Paris, consulte à Sainte-Anne, ouvre un cabinet privé auquel il va bientôt se consacrer entièrement. À cette date de 1936, il présente pour la première fois au congrès de l'Association psychanalytique internationale « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je » qui est un texte fondateur de sa pensée. En 1939, il est mobilisé comme médecin auxiliaire au service de psychiatrie de l’hôpital militaire du Val de Grâce et, en 1940, à  l’hôpital des Franciscains de Pau. 1953 est une année charnière : il prononce son « Discours de Rome » qui engage le « retour à Freud », il démissionne de la SPP pour fonder avec Daniel Lagache la Société française de psychanalyse (SFP). Cette même année, s'étant rapproché du structuralisme de Lévi-Strauss dont il s'écartera ensuite, il débute son séminaire public (inauguré deux ans plus tôt dans un cadre privé) qu'il poursuivra jusqu'en 1980. Après son exclusion de la liste des didacticiens de la SFP et de l’Association psychanalytique internationale (IPA) , il fonde en 1964 l'École freudienne de Paris, puis, après sa dissolution, la Cause freudienne qui deviendra en 1981 l'École de la Cause freudienne (ECF).

Domaines de recherches

L'ensemble de la recherche développée par Lacan peut se condenser dans l’affirmation suivante : « L’inconscient est structuré comme un langage ». C’est le sens du retour à Freud où, pour Lacan, « retour » ne signifie pas revenir à un sens originel pour le restaurer, mais refonder l’inconscient, et les grands concepts de la psychanalyse, à partir de ce que Freud a découvert. Mobilisant la linguistique, Lacan fait de l’inconscient une antécédence langagière qui ordonne notre rapport au monde et à nous-mêmes, qui est donc un dispositif de la détermination et qui organise la structure même du désir – d’où cette autre affirmation selon laquelle « l’inconscient est le discours de l’Autre ». L’expérience psychanalytique vise à déchiffrer la logique de ce discours inconscient afin que le sujet puisse à la fois l’assumer et s’en dégager partiellement. Sur cette base, l'apport de Lacan est d'avoir formalisé les trois registres de l’imaginaire, du symbolique et du réel qu’il ne cesse de réélaborer tout au long de son parcours, déplaçant les motifs, approfondissant la perspective. Ces trois registres forment un ensemble indissociable. Si le primat est d’abord accordé au symbolique, en partie sous l’influence de Lévi-Strauss, Lacan finit par considérer ces trois registres sur un même plan, solidaire entre eux, sans qu’aucun ne puisse prévaloir sur l’autre, formant un nœud qu’il appelle borroméen. Si un des registres se dénoue, toute la structure se défait. Au final, il ajoute un quatrième rond qui a valeur de « sinthome », marquant ainsi qu’il n’existe pas de modèle ou de loi qui définirait la normalité psychique. Demeure un symptôme impossible à éliminer, chacun inventant alors sa propre façon de se relier aux autres.
Avec le stade du miroir, Lacan définit l’imaginaire comme constitution du moi par identification à des images, donc un moi spéculaire supposé aimable au regard de l'Autre. Le moi est une représentation, en grande partie un leurre, distincte du sujet qui n'est pas une image. Le symbolique est le champ du langage que Lacan interprète à partir du registre du signifiant, empruntant à Saussure pour modifier la perspective, afin d’instituer la suprématie du signifiant sur le signifié. Le réel est ce qui demeure non symbolisable. S’inspirant d’un développement de Koyré, Lacan définit le réel comme l’impossible à dire. La théorie du réel est décisive dans la recherche menée par Lacan et elle prendra toujours davantage d’importance dans la définition de l’inconscient qu'il donne. L’affirmation lacanienne d’un réel comme impossible ne signifie pas seulement ce qu’on ne peut pas l'atteindre ; elle engage une clinique où le sujet découvre une issue au-delà de ce qu’il savait déjà comme étant le champ des possibles. De ce point de vue, le réel est le hors-sens – Lacan pourra l’écrire « ab-sens » – soutenant, contre une herméneutique du désir, que le sens, toujours imaginaire, ne vient pas du sens, mais qu'il est généré par ce qui lui échappe.

Publications principales

– Les séminaires [1953-1980] ont été publié aux éditions du Seuil, avec un texte établi par Jacques-Alain Miller :
[1953-1954] Les écrits techniques de Freud (S I), 1975, 316 p.
[1954-1955] Le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse (S II), 1978, 375 p. 
[1955-1956] Les psychoses (S III), 1981, 363 p. 
[1956-1957] La relation d’objet (S IV), 1994, 435 p. 
[1957-1958] Les formations de l’inconscient (S V), 1998, 518 p. 
[1959-1960] L'éthique de la psychanalyse (S VII), 1986, 375 p.  
[1960-1961], Le transfert (S VIII), 1991, 469 p. 
[1962-1963], L'angoisse (S X), 2004, 390 p.
[1964] Les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (S XI), 1973, 254 p.       
[1968-1969] D’un Autre à l’autre (S XVI), 2006, 428 p. 
[1969-1970] L'envers de la psychanalyse (S XVII), 1991, 246 p.
[1970-1971] D'un discours qui ne serait pas du semblant (S XVIII), 186 p.
[1971-1972] Ou pire (S XIX), 2011, 256 p. 
[1972-1973] Encore (S XX), 1975,133 p. 
[1975-1976] Le Sinthome (S XXIII), 2005, 249 p.
Publié aux éditions de La Martinière, avec un texte établi par Jacques-Alain Milller:
[1958-1959] Le désir et son interprétation (S VI), 2013, 616 p. 

De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, suivi de Premiers écrits sur la paranoïa (1932), Paris : Seuil, Le champ freudien, 1975, 411 p.
Écrits, Paris : Seuil, Le champ freudien, 1966, 911 p.
Autres écrits, Paris : Seuil, Le champ freudien, 2001, 609 p.
Des noms-du-père, Paris : Seuil, 2005, 107 p. 
Le mythe individuel du névrosé ou Poésie et vérité dans la névrose, Paris : Seuil, 2007,115 p.
Le triomphe de la religion : précédé de Discours aux catholiques, Paris : Seuil, 2005. 101 p.

Publications au sujet de la personne

– Paul-Laurent Assoun, Lacan. Paris : PUF, 2003. 127 p.
– Philippe Julien, Psychose, perversion, névrose. La lecture de Jacques Lacan, Toulouse : Erès, Point Hors Ligne, 2000, 190 p. 
– Alain Juranville, Lacan et la philosophie, Paris : PUF, Quadrige Essais, 2003, 496 p.
– Bertrand Ogilvie, Lacan, le sujet. La formation du concept de sujet, Paris : PUF, coll. « Philosophies » 12, 2005, 128 p.
– Erik Porge, Jacques Lacan, un psychanalyste. Parcours d'un enseignement, Toulouse : Erès, Point Hors Ligne, 364 p. 
Elisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France ; [suivi de] Jacques Lacan, esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée, Paris : Librairie générale française, La Pochothèque, 2009. 2118 p. 
– Moustapha Safouan, Lacaniana. Les séminaires de Jacques Lacan [1953-1963], Paris : Fayard, 2001, 281 p. ; (dir), Les séminaires de Jacques Lacan [1964-1979], Paris : Fayard, 2005, 458 p. 
– Alain Vanier, Lacan, Paris : Les Belles Lettres, 2000, 118 p.

Auteur de la notice
Jean-Daniel Causse
Mise à jour
 le 21 mars 2018 - 07:15