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Peint par son frère Horace, lors du séjour à Paris.
Nom Saussure
Prénom Ferdinand de
Naissance Genève (Suisse) (26 novembre 1857)
Décès Vufflens (Suisse, canton de Vaud) (22 février 1913)
Sections
Sciences historiques et philologiques
Statuts et fonctions
Maître de conférences
Maîtrise de conférences
Grammaire comparée (octobre 1881 à juin 1891)
Distinction Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'honneur (11 juillet 1891)
Origines familiales

Vieille famille de l'aristocratie protestante de Genève, d'une famille qui a émigré de France (Saulxures-lès-Nancy) dans la cité de Calvin au XVIe siècle ; lignée illustre de savants (physiciens, chimistes, naturalistes). Son père est l'entomologiste Henri de Saussure (1829-1895), sa mère est la comtesse Louise de Pourtalès (1837-1906) ; il est l'aîné de huit enfants. 

Situation de famille

Marié en 1892 à Genève avec Marie-Eugénie Faesch (1867-1950) ; trois enfants : Jacques, Raymond, André.

Études et formations

Études classiques à Genève, à l'Institut Martine, puis au Gymnase, couronnées par le baccalauréat ès lettres en 1873. Son intérêt pour les langues s'est révélé de bonne heure. En 1872, à quinze ans, Ferdinand de Saussure soumet au philologique et linguiste Adolphe Pictet (d'une famille alliée à la sienne, 1799-1875), auteur très connu pour Les origines indo-européeennes ou les Aryas primitifs. Essai de paélontologie linguistiques, Paris-Genève, 1859-1863) un "Essai pour réduire les mots du grec et de l'allemand à un peitt nombre de racines". En 1875, il s'inscrit à l'Université de Genève, Faculté de Sciences naturelles, pour étudier, selon les vœux de son père, la chimie et la physique. Mais, dès 1876, il se tourne vers la linguistique et la philologie, et entre en contact, par l'intermédiaire d'Abel Bergaigne, avec la Société de Linguistique de Paris, dont il devient membre en mai 1876, et à laquelle il soumet ses premiers articles, qui paraîtront dans les Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, en 1877. En octobre 1876, il s'inscrit pour étudier la grammaire comparée à l'Université de Leipzig, qui est alors le centre de la "révolution" néogrammarienne. F. de Saussure y suit des cours dans plusieurs langues indo-européennes, et il fréquente les représentants les plus en vue des Junggrammatiker : Hermann Osthoff, Karl Brugmann, August Leskien. Le développement de ses propres recherches sur le vocalisme indo-européen aboutit à un long mémoire, qu'il publie à la fin de 1878. Il fait ensuite un séjour à l'Université de Berlin (de novembre 1878 à avril 1879), où il suit les cours de Hermann Oldenberg (sanskrit) et de Heinrich Zimmer (celtique). De retour à Leipzig, il y prépare et soutient sa thèse de doctorat (De l'emploi du génitif absolu en sanskrit), qui lui vaut le titre de docteur summa cum laude le 28 février 1880. Durant l'été 1880, il effectue un voyage en Lituanie (Prusse Orientale), pour une enquête linguistique, qui aura de très importants résultats pour ses travaux ultérieurs sur l'accentuation lituanienne, malheureusement publiés très partiellement. Il s'installe à Paris en novembre 1880, et suit des cours à l'EPHE, au Collège de France et à la Sorbonne : Michel Bréal, Louis Havet, James Darmesteter, Abel Bergaigne, Gaston Paris, etc. Il continue à s'intéresser à des questions de philosophie et de théologie. Il fréquente régulièrement les séances de la Société de Linguistique de Paris. 

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

Maître de conférences de grammaire comparée de 1881 à 1891 ; congé pour raisons de santé en 1889-1890 (où il est remplacé par Antoine Meillet). 

Précisément, F de Saussure était maître de conférences pour le gothique (sic) et le vieux haut-allemand, dans le cadre de la direction d'études de "Grammaire comparée" de Michel Bréal. Celui-ci avait fait nommer F. de Saussure pour représenter cet enseignement, alors que lui-même était empêché par ses fonctions d'inspecteur général de l'enseignement supérieur.  Comme prévu, F. de Saussure a donné dans ce cadre  un enseignement sur les langues germaniques anciennes, dans la perspective comparative et historique: gotique, vieux-haut-allemand, auxquelles il a ajouté certaines années le vieux-norrois. Il a aussi traité, à partir de 1887-1888, de la phonétique et de la morphologie du grec et du latin, puis du lituanien. Cet enseignement n'avait pas de précédent en France, à la fois par le contenu et la méthode. Il a attiré un auditoire nombreux et croissant, composé de ceux qui seront les maîtres de l'école française de linguistique, et aussi de linguistes étrangers. Il a introduit dans son enseignement la notion de langue comme système et la distinction de deux points de vue, statique et historique. 

Parcours professionnel hors EPHE

Professeur extraordinaire (à partir du 13 octobre 1891) de sanskrit et grammaire comparée à l'Université de Genève, Faculté des Lettres,

puis professeur ordinaire (à partir du 23 octobre 1896).

Par élargissement de l'intitulé de la chaire, professeur ordinaire de linguistique générale, à partir du 8 décembre 1906. 

Autres activités

Membre de la Société de Linguistique de Paris, élu le 13 mai 1876 (présenté par Abel Bergaigne et Michel Bréal).

Secrétaire-adjoint de la Société de Linguistique de Paris, de 1883 à 1891, le secrétaire étant Michel Bréal.

Correspondant étranger de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, élu le 9 décembre 1910. 

Domaines de recherches

L'œuvre de Ferdinand de Saussure porte à la fois sur la linguistique indo-européenne et la linguistique générale, et il reste une référence permanente jusqu'à nos jours dans les deux domaines. Il a traité de toutes les langues indo-européennes connues à son époque. Les problèmes rencontrés pour décrire et expliquer les faits de plusieurs langues dans une perspective historique l'ont conduit à élaborer de nouveaux concepts et même à redéfinir l'objet de la linguistique. I a donc dépassé le point de vue néo-grammairien, et insisté, dès ses années d'enseignement à l'EPHE, sur la notion de langue comme système. Son Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes (1879) n'a pas été bien reçu, ni complètement compris, en partie parce qu'il repose sur une analyse quasi structurale de la morphologie et de la phonologie  indo-européenne. Le déductions de F. de Saussure ont été confirmée seulement à partir de 1927, à la suite du déchiffrement du hittite. Il est donc une des fondateurs de la linguistique indo-européenne "moderne". Après la publication de sa thèse de doctorat (1881), qui porte sur un point mineur de syntaxe sanskrite, F. de Saussure a relativement peu publié, bien que ses travaux, même les plus brefs, révèlent une réflexion très approfondie. Il a beaucoup écrit pour lui-même, sur divers sujets, pas seulement de linguistique, voir ses recherches (infructueuses) sur les légendes germaniques et les anagrammes dans plusieurslangues indo-européennes. De retour à Genève, ses réflexions sur la linguistique générale ont donné lieu à trois cours, professés en 1906-1907, 1908-1909, 1910-1911, mais il ne s'est pas résolu à les publier lui-même. Le Cours de linguistique générale a été publié après sa mort, en 1916, par deux de ses disciples, sur la base de notes prises par des étudiants. Ce livre ne peut pas être considéré comme un ouvrage authentique de la main de F. de Saussure. Cependant, il a eu une influence déterminante sur toute l'évolution de la linguistique et de la sémiologie jusqu'à nos jours. La pensée nuancée et complexe, souvent tranchante,  parfois hésitante aussi, de F. de Saussure, reste une base incontourable de toute réflexion sur le langage, les langues et le travail des linguistes. 

Publications principales

Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes, Leipzig : Teubner, 1879 [paru en décembre 1878]. (= Recueil, p. 1-268)

De l’emploi du génitif absolu en sanscrit. Thèse pour le doctorat présentée à la Faculté de philosophie de l’Université de Leipzig, Genève : Fick, 1881. (= Recueil, p. 269-338)

Cours de linguistique générale, publié par Charles Bally et Albert Sechehaye avec la collaboration d'Albert Riedlinger, Lausanne-Paris : Payot, 1916. Édition critique établie par Tullio de Mauro, Paris : Payot, 1972 (traduction de l’italien, Roma/Bari : Laterza, 1967) ; plusieurs fois réimprimé.

Recueil des publications scientifiques de Ferdinand de Saussure. Publié par Charles Bally et Léopold Gautier, Genève : Sonor, 1922. Genève : Slatkine reprints, 1970.

Les sources manuscrites du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure. Édition et introduction par Robert Godel, Genève : Droz (Publications latines et françaises, LXI).

Cours de linguistique générale. Édition critique par Rudolf Engler, 2 tomes, Wiesbaden : Harrassowitz, 1968-1972.

Le leggende germaniche. Scritti scelti et annotatti a cura di Anna Marinetti e Marcello Meli, Este (PD) : Zielo, 1986.

Écrits de linguistique générale. Texte établi et édité par Simon Bouquet et Rudolf Engler, Paris : Gallimard (Bibliothèque de philosophie), 2002.

Anagrammes homériques. Présentés et édités par Pierre-Yves Testenoire, Limoges : Lambert-Lucas, 2013.

Volumes d'hommage

Mélanges de lingustique offerts à M. Ferdinand de Saussure, Paris : Champion (Collection linguistique publiée par la Société de Linguistique de Paris, II), 1908.

Simon Bouquet (dir.), Ferdinand de Saussure. Cahier de l'Herne, n° 76, Paris : Editions de l'Herne, 2003. 

Publications au sujet de la personne

Antoine Meillet, "Ferdinand de Saussure", in: Linguistique historique et linguistique générale, tome II, Paris: Klincksieck, 1936, p. 174-183.

Annuaire de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. IVe section (Sciences histroqiues et philologiques). 1964-1965, Paris, 1964: Emile Benveniste, "Ferdinand de Saussure à l'Ecole des Hautes Etudes", p.. 20-34 ; Michel Fleury, "Notes et documents sur Ferdinand de Saussure (1880-1891)", p. 35-67. Cet article contient notamment les résumés des conférences et la liste de ses auditeurs.

John E. Joseph, Saussure, Oxford : Oxford University Press, 2012.

Jean Starobinski, Les mots sous les mots. Les anagrammes de Ferdinand de Saussure, Paris : Gallimard (Le Chemin), 1971.

Daniel Petit et Claudia Mejia Quijano, "Du nouveau à propos du voyage de Saussure en Lituanie", Cahiers Ferdinand de Saussure 61 (2008), p. 133-157.

Pierre-Yves Testenoire, Ferdinand de Saussure à la recherche des anagrammes, Limoges: Lambert-Lucas, 2013. 

Georges Redard, "Ferdinand de Saussure et Louis Havet", Bulletin de la Société de Linguistique de Paris 71/1 (1976), p. 313-349. 

Georges-Jean Pinault, "Inédits de Ferdinand de Saussure, extraits de la correspondance avec Louis Havet en 1879", Cahiers Ferdinand de Saussure 65 (2012), p. 173-214. 

E.F.K. Koerner, Bibliographia Saussureana, 1870-1970, Metuchen (N.J.) : Scarecrow Press, 1972. 

La bibliographie saussurienne est enrichie constamment par la découverte ou la publication de manuscrits de Ferdinand de Saussure ou de documents relatifs à sa carrière. Voir le périodique Cahiers Ferdinand de Saussure. Revue de linguistique générale, publiée par le Cercle Ferdinand de Saussure (Université de Genève, Faculté de Lettres, Département de Linguistique) depuis 1941, Genève : Droz. 

Sites internet référents
Auteur de la notice
Georges-Jean Pinault
Mise à jour
 le 13 octobre 2018 - 10:35