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Nom Lévi-Strauss
Prénom Claude
Naissance Bruxelles (Belgique) (28 novembre 1908)
Décès Paris (France) (30 octobre 2009)
Sections
Sciences religieuses
Sciences économiques et sociales
Statuts et fonctions
Directeur d'études
Directeur d'études cumulant
Directions d'études
"Religions des peuples non civilisés", puis "Religions comparées des peuples sans écriture"
"Civilisations primitives", puis "Anthropologie sociale"
Distinctions
Grand Croix de la Légion d'Honneur
Commandeur dans l'Ordre national du Mérite
Commandeur dans l'Ordre des Palmes académiques
Commandeur des Arts et des Lettres
Médaille d'or et prix du Viking Fund
Prix de la Fondation Nonino
Prix Aby M. Warburg
Prix Meister Eckhart
Prix international Catalunya
Membre de l'Académie française
Origines familiales

Père Raymond Lévi, peintre portraitiste, nom d'usage Lévi-Strauss (du nom de son grand-père Isaac Strauss, chef d'orchestre qui jouait notamment Offenbach sous Louis-Philippe et Napoléon III, organisateur du casino de Vichy, et collectionneur d'antiquités) ; mère née Emma Lévy (deux de ses sœurs épousent également un peintre). Tous deux sont Français, cousins issus de germains, d'une famille juive alsacienne. Ils habitent à Paris, au 5e étage du 26 rue Poussin, Paris 16e. Le grand-père maternel rabbin héberge la mère et l'enfant à Versailles durant la première guerre mondiale.

Situation de famille

Trois fois marié : avec Dina Dreyfus, 1932-1940 ; Rose-Marie Ullmo, 1946-1949 (un fils, Laurent) ; Monique Roman, 1954 (un fils, Matthieu).

Laboratoire
Laboratoire d'anthropologie sociale
Études et formations

Lycée Hoche à Versailles, puis, dès la sixième, Janson-de-Sailly à Paris.
Lit Marx à 16 ans et sera actif à la SFIO.
Licence de droit à Paris, puis études de philosophie en Sorbonne
Agrégation de philosophie en 1931. Enseigne deux ans en lycée à Mont-de-Marsan puis à Laon.
Epouse en 1932 Dina Dreyfus, ethnologue et philosophe, qui a contribué à orienter son époux vers le choix de l'ethnologie et organise avec lui ses premières expéditions ethnographiques au Brésil.
1935-1936 : 1re mission ethnographique au Brésil : indiens Caduveo et Bororo ; 2e mission en 1938 : les Nambikwara (une maladie des yeux oblige Dina et d'autres à quitter la mission), puis les Mundé et les Tupi-Kawahib.
1949 : soutenance de sa thèse sur les "Structures élémentaires de la parenté" ; thèse complémentaire sur la "Vie familiale et sociale des Nambikwara". Mention très honorable.

Parcours professionnel, responsabilité à l'EPHE

1947-1948 : chargé de conférences à l'EPHE, Ve section, sur la chaire de Maurice Leenhardt, aux côtés de quatre autres collègues.

1948-1951 : Directeur d'études cumulant à la VIe section.
novembre 1948 : cours sur "La vie religieuse des primitifs".
1949-1950 : cours sur « La place et l'avenir des populations primitives dans le monde »
1951-1960 : Directeur d'études à l'EPHE, Ve section, chaire "Religions des peuples non civilisés", transformée (1954) en "Religions des peuples sans écritures".
1951-1960 : Directeur d'études cumulant, VIe section, chaire de  "Civilisations primitives" transformée en chaire d' "Anthropologie sociale".
1960 : son élection au Collège de France entraîne la continuation de son enseignement comme Directeur d'études cumulant à la Ve section (sciences religieuses), où Lévi-Strauss remet son rapport jusqu'à l'année 1973-1974 comprise (il intervient parallèlement de manière informelle mais constante à la VIe section).
1974 : Lévi-Strauss démissionne de sa fonction de Directeur d'études cumulant à la Ve section, à compter du 31 octobre 1974.

Parcours professionnel hors EPHE

Agrégé de philosophie en 1931 (stages en compagnie de Simone de Beauvoir et de Maurice Merleau-Ponty), Lévi-Strauss enseigne, à partir du 1er octobre 1932, deux ans en lycée à Mont-de-Marsan puis à Laon
1935 : début 1935, part au Brésil et enseigne la sociologie à l'Université de São Paulo. Deux missions ethnographiques suivront
1939-1940 : mobilisé sur la ligne Maginot en qualité d'agent de liaison
1941 : Lycée de Montpellier, révoqué en conséquence des lois raciales de Vichy, parvient à quitter la France pour New York, où il enseigne la sociologie de l'Amérique du Sud à la toute nouvelle New School for Social Research, rencontre Koyré et Jakobson, puis, engagé dans les FFL et chargé de mission scientifique, contribue à fonder à New York l'École libre des hautes études.
1944 : au Ministère des Affaires étrangères en France
1945 : conseiller culturel auprès de l'ambassade de France aux États-Unis (démissionne en 1947 pour se consacrer à ses recherches).
Fin 1947-mars 1949 : maître de recherches au CNRS, enseignant à l'Institut d'ethnologie
1949 : sous-directeur au Musée de l'Homme
Hiver 1949-1950 : série de conférences au Collège de France sous l'égide de la Fondation Loubat d'antiquités américaines (analyse structurale du thème du Glouton dans la mythologie de l'Amérique du Nord)
1959 : élu (après deux échecs, en 1949 et 1950) au Collège de France, chaire d'anthropologie sociale. Il se retirera en 1982.
1960 : fonde le Laboratoire d'anthropologie sociale, qu'il dirige jusqu'à sa retraite. Le laboratoire dépend à la fois du Collège de France et de la Sixième section, qui devient EHESS en 1975.
1961 : fonde avec Emile Benveniste et Pierre Gourou la revue française d'anthropologie L'Homme.

1975 : Lévi-Strauss, ayant démissionné de l'EPHE, devient Directeur d'études cumulant à la toute nouvelle EHESS.

Autres activités

Activités à l'Unesco.
Multiples activités pour l'organisation et le financement de la recherche.
Claude Lévi-Strauss aimait la musique. Il avait la passion du collectionneur d'antiquités (visites régulières de l'hôtel Drouot) et d'objets rares, ainsi que la passion de la géologie, de la botanique, des champignons...

Domaines de recherches

L'anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss se caractérise triplement par son enracinement dans l'ethnologie amérindienne, sa montée en généralité au moyen d'une méthode comparative fondée sur l'analyse des transformations au sein de systèmes de relations observées en synchronie (systèmes de parenté, classifications botaniques, ensemble des versions d'un même mythe...), et le modèle de la phonologie jakobsonienne inspirant cette méthode (ainsi un phonème ne prend sens que dans sa relation aux autres phonèmes d'une langue donnée).  Elle vise une science de l'homme en société qui, tout en tenant compte des variations de l'environnement et de l'histoire, rejoigne la psychologie pour atteindre les ressorts les plus universels de la pensée aux prises avec l'univers concret ou relationnel. La "pensée sauvage" est une pensée à part entière : elle "bricole" son savoir – sur la nature, les techniques, la société, les dieux – selon ses contraintes sociales, logiques et cognitives propres, telles que l'esprit en joue et les met à nu dans l'élaboration mythique que l'œuvre de Lévi-Strauss, au total, a fini par privilégier. Étudier cette pensée, notamment dans les mythes, c'est pour un anthropologue se dépayser, s'éloigner suffisamment de soi-même pour atteindre un regard dépassionné et réellement scientifique sur un objet naturel qui l'inclut lui-même, sans la froideur, pour autant, du neuro-cognitiviste. La disparition rapide des derniers peuples non encore assimilés à une culture mondialisée mettrait du reste ce "regard éloigné" en péril, si ne se manifestaient pas toujours dans la société assez de phénomènes marginaux pour laisser à l'anthropologue de l'inconnu à observer et par là enrichir la connaissance de l'homme.  En ce sens, si certes on peut reconnaître chez Lévi-Strauss le pessimisme d'un moraliste lucide (notamment sur les périls démographiques, écologiques et climatiques), ce pessimisme était cependant tempéré par le goût du concret, la passion pour l'art et pour la nature et la maîtrise des ritualités cérémonielles.
Le structuralisme, outre la grande difficulté de son abord, a connu bien des critiques et beaucoup le croient dépassé. Souvent on n'encense en Lévi-Strauss l'écrivain que pour mieux oublier sa méthode. Mais il y aura eu sans conteste un avant et un après Lévi-Strauss. L'anthropologie anglo-saxonne et la "sociologie" française se sont rencontrées par son entremise. Sans produire de disciples au sens propre (mais voir F. Héritier, Une pensée en mouvement, Odile Jacob, 2009, p. 47-50 : « un maître en liberté »), Lévi-Strauss a permis à suffisamment de chercheurs d'embrasser l'anthropologie pour qu'il soit possible de lui assigner une postérité. La meilleure critique consiste à prolonger et dépasser ses démonstrations.

Publications principales

La vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara, Paris, 1947.
Les structures élémentaires de la parenté, Paris-La Haye, 1949.
Race et histoire, d'abord édité en brochures par l'UNESCO, 1952
Tristes tropiques, Paris, 1955.
Anthropologie structurale, Paris, 1958.
La pensée sauvage, Paris, 1962.
Le totémisme aujourd'hui, Paris, 1962.
Mythologiques, I. Le Cru et le cuit, Paris, 1964.
Mythologiques, II. Du miel aux cendres, Paris, 1966.
The Scope of Anthropology, Londres, 1967.
Mythologiques, III. L'Origine des manières de table, Paris, 1968.
Mythologiques, IV. L'Homme nu, Paris, 1971.
Anthropologie structurale deux, Paris, 1973.
La voie des masques, 2 vol., Genève, 1975 (2e éd. Paris, 1979).
Le regard éloigné, Paris, 1983.
Paroles données, Paris, 1984.
La potière jalouse, Paris, 1985.
Histoire de lynx, Paris, 1991.
Regarder écouter lire, Paris, 1993.
Saudades do Brasil, Paris, 1994 [photographies ethnographiques commentées].
Le Père Noël supplicié, Pin-Balma, Sables (rééd. d’un article paru dans Les Temps Modernes en 1952).
Œuvres, Paris, Gallimard, 2008 (Bibliothèque de la Pléiade).
Loin du Brésil : entretien avec Véronique Mortaigne, Paris, Chandeigne, 2005.

Quelques articles et discours:

« L’analyse structurale en linguistique et en anthropologie », Word, Journal of the Linguistic Circle of New York, I (2), 1945, p. 1-12.
« La sociologie française », in Georges Gurvitch et Wilbert E. Moore, eds, La Sociologie au XXe siècle, Paris, PUF, p. 513-545
"Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss", in Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, 1950.
« La visite des âmes », Annuaire de l’École Pratique des Haute Études (sciences religieuses), 1951-1952, 1952, p. 20-23.
« La geste d'Asdiwal », Annuaire de l’École Pratique des Haute Études (Sciences religieuses), 1958-1959, 1959, p. 3-43.
Leçon inaugurale faite le mardi 5 janvier 1960, Paris, Collège de France, Chaire d’anthropologie sociale.
« L'anthropologie sociale devant l'histoire », Annales, 15 (4), 1960, p. 625-637.
« Les ‘Chats’ de Charles Baudelaire » (en collaboration avec Roman Jakobson), L’Homme, revue française d’anthropologie, 2 (1), 1962, p. 5-21.
« Critères scientifiques dans les disciplines sociales et humaines », Aletheia, 4, 1966, p. 189-212.
« Rapports de symétrie entre rites et mythes de peuples voisins », in T. O. Beidelman, ed., The translation of culture. Essays to E.E. Evans-Pritchard. London, Tavistock Publications, 1971, p. 161-178.
Discours prononcés dans la séance publique tenue à l’Académie française pour la réception de Claude Lévi-Strauss à l’Académie française le jeudi 27 juin 1974. Paris, Institut de France, p. 3-18.
« La leçon de sagesse des vaches folles », Etudes rurales, 157-158, 2001, p. 9-14.
Communication de M. Claude Lévi-Strauss à l'occasion du 60ème anniversaire de l'Unesco le 16 Novembre 2005.

Engagements

- Pendant ses années d'études: responsabilités à la SFIO, Secrétaire général des étudiants socialistes, secrétaire du parlementaire Georges Monnet en 1928. Il songera même aux élections cantonales à Mont-de-Marsan.
- 1931-1932 : service militaire à Strasbourg puis au Ministère de la Guerre.
- Pendant la deuxième guerre mondiale, depuis New York, engagé volontaire dans les FFL.

Volumes d'hommage

Lévi-Strauss, L'Arc, 26, 1968.
François Dosse, Histoire du Structuralisme, t. I : Le champ du signe, 1945-1966, Paris, La découverte, 1991.
François Dosse, Histoire du Structuralisme, t. II : Le chant du cygne, 1967 à nos jours, Paris, La découverte, 1992 (réimpr. 2012).
Critique, numéro spécial « Claude Lévi-Strauss », no 620-621, 1999.
Claude Lévi-Strauss, centième anniversaire, Hors série de La Lettre du Collège de France, novembre 2008.
Comprendre Claude Lévi-Strauss, numéro spécial de la revue Sciences Humaines, novembre-décembre 2008.
Marcel Hénaff (dir), « Claude Lévi-Strauss : langage, signes, symbolisme, nature », Philosophie, Éditions de Minuit, no 98,‎ été 2008.
Marcel Hénaff, Claude Lévi-Strauss, le passeur de sens, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2008.
Claude Lévi-Strauss, Europe, janvier-février 2013

Publications au sujet de la personne

 - (avec Georges Charbonnier) Entretiens avec Claude Lévi-Strauss, Paris, Plon-Julliard, 1960
- Claude Lévi-Strauss, Didier Éribon, De près et de loin, Paris, 1988 [entretiens].
- Denis Bertholet, Claude Lévi-Strauss, Paris, Odile Jacob, coll. « poches », 2008 (1re éd. Plon, 2003).
- Maurice Godelier, Lévi-Strauss, Paris, Seuil, 2013.
- Emmanuelle Loyer, Lévi-Strauss, Paris, 2015.

Sites internet référents

Annuaires de l'EPHE, sciences religieuses, 1951-1974.
Sites du Collège de France (et comptes rendus des conférences) et de l'Académie française.
Abondante documentation audio et audiovisuelle.

Auteur de la notice
Renée Koch Piettre
Mise à jour par
Renée Koch Piettre le 14 janvier 2018 - 20:22